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Oligosaccharides - "humains" vous dites ?

Les oligosaccharides sont des composants du lait de différentes espèces. Le lait maternel humain en contient quelques 200 oligosaccharides (Human Milk Oligosaccharides, HMO). Au début de la recherche, on pensait qu’ils ne « servent à rien » parce que on ne percevait pas leur utilité, ils n’étaient pas digérés par le bébé.

 

La recherche avançant, les connaissances sur la flore digestive se sont approfondies et on se rendait compte que les HMO ont bel et bien une fonction : ils nourrissent le microbiote et protègent le bébé activement contre des pathogènes dans le tractus digestif.

 

A l’instar de tous les composants du lait maternel, les oligosaccharides sont ingénieux et remplissement plusieurs fonctions. Et comme tout ce qui est ingénieux, les HMO sont étudiés fiévreusement – pour en faire des copies. Des sommes astronomiques sont investies par des laboratoires dans la recherche des HMO pour les imiter chimiquement ou les extraire du lait de femme ou d’autres mammifères.

 

Comment est-ce qu’on « fabrique » des HMO ?

Les HMO peuvent être isolés ou enrichis à partir de lait(s) sécrété(s) par des mammifères, y compris, mais sans s'y limiter : humains, bovins, ovins, porcins ou caprins. Les HMO peuvent également être produits par fermentation microbienne, procédés enzymatiques, synthèse chimique ou combinaisons de ces procédés.

 

Selon Valerie Mc Clain (qui commente l’article de Melissa Bartick avec laquelle elle est entièrement accord sur les questions soulevées), voilà quelques précisions :

 

« Il existe diverses méthodes de fabrication des OSS. La méthode la plus couramment utilisée dans les brevets récents de diverses entreprises fabriquant des OSS consiste à fabriquer génétiquement le composant à l'aide de la bactérie e.coli.

Un brevet plus récent déposé en 2014 s'appelle "Production fermentative d'oligosaccharides, dans laquelle on utilise un E.coli génétiquement modifié.

Avancer comme argument que les HMO du lait humain ont prouvé leur inocuité et qu'on peut donc accepter ces ingrédients chimiques et/ou génétiquement modifiés dans les préparations pour nourrissons, est scientifiquement discutable.

Une autre méthode pour obtenir des HMO est d'utiliser la technologie de la séparation pour extraire les HMO du lait humain de "donneuses". »

(Valerie Mc Clain)

 

En effet, parce que les oligosaccharides sont sûrs dans le lait humain, la FDA (Food and Drug Administration, USA) en déduit que leur copie (!!) est sûre aussi. En termes chimiques, peut-être, mais en termes bio-dynamiques ?

 

Cela soulève plusieurs questions

 

1) Une question médicale : Des oligosaccharides artificiels ou extraits d’autres espèce de mammifères, sont-ils sûrs pour les enfants non-allaités ? On construit toutes les cellules du bébé avec les produits pour nourrissons PPN, aussi le cerveau, les nerfs, les neurones… Est-ce que les PPN ainsi « engineered » (transformés) en y ajoutant des ingrédients qui sont artificiels va vraiment produire un effet bénéfique sur le bébé humain ?

 

2) Une question éthique : S’il y avait un bénéfique, comment ne pas obliger d’intégrer les HMO artificiels dans la composition standard de TOUS les laits artificiels ! Il n’est pas justifié de faire des références de lait dont la composition et le prix sont différents. Tout bébé non-allaités mérite le meilleur substitut possible. C’est enjeu qui est aussi couvert par le Code OMS qui est un texte et une série de Résolutions pour protéger l’allaitement mais aussi pour protéger les familles, les consommateurs. Nous avons tous intérêt à ce que le Code international soit respecté et implémenté dans la législation national

 

3) Comme nous l’avons vu plus haut, les HMO ainsi fabriqués sont - au mieux pour leur qualité - extraits du lait humain – mais quid de la destination prioritaire de ce lait maternel qui devrait aller vers les bébés prématurés ? Quid de l’impact sur les mamans donneuses qui seront tiraillées entre le circuit gratuit (le don de lait par générosité pour les autres mamans et leurs bébés) et les récoltes « payées » par l’industrie qui considère le lait comme une matière première prestigieuse ?

 

4) Est-ce qu’on s’achemine vers des brevets sur l’humain, comme c’est le cas déjà avec certaines semences ? Est-ce que les femmes qui allaitent devront payer la dime à l’entreprise qui aura copié et breveté des HMO que son lait contient ?

 

5) Et le produit final, est-il valable ? Tout cela pour un produit qui sera et restera simplement une copie, très coûteuse et de toute façon incomplète (pour l’instant, sur les 200 HMO on en copie vaguement 2…), alors que l’original, le lait maternel pris à sa source, au sein, offre un liquide vivant, dynamique, avec les 200 HMO livrés dans la bonne composition et parfaitement ciblés sur le bébé humain.

 

6) Peut-on comparer le lait maternel et un substitut ? George Kent écrit dans le dernier chapitre de son livre "Governments Push Infant Formula"

"Le raisonnement derrière le fait de se concentrer sur les ingrédients est erroné à la base. C'est comme dire que pour obtenir une peinture Rembrandt, il suffit d'avoir de la peinture rouge, bleue et jaune.
C'est comme si vous mettiez des morceaux de métal, de plastique et de verre dans un sac et que vous le secouiez, et d'avoir l'espoir que le mélange résultant serait une voiture.
C'est comme si vous disiez que vous pourriez rassembler les ingrédients d'un repas gastronomique, le mélanger dans un blendeur et le servir dans un restaurant gastronomique...."

 

Big business - les enjeux financiers

« Big business » pour tenter de remplacer la nature… A qui profite ce dévoiement ? Si on investissait autant d’argent dans un congé de maternité d'au moins 6 mois pour permettre l’allaitement exclusif dans les bonnes conditions, si on investissait autant de finances dans l’accompagnement des mères et de familles dans la petite enfance, ce serait plus bénéfique pour la santé à long terme !

 

Europe finance 15 million pour firme Biotech

Pourquoi l'Europe finance Biotech ?? Au lieu d'investir dans l'allaitement, le congé maternité, le soutien aux femmes...

https://www.scitecheuropa.eu/biotech-company-investment-juncker-plan/88151/

 

Pour en savoir plus

 

Reclaiming “Breastfeeding” from “Human Milk:” Politics, Public Health, and the Power of Money. Melissa Bartick, MD, MSc, internist at Cambridge Health Alliance and Assistant Professor at Harvard Medical School.

https://bfmed.wordpress.com/2018/11/04/reclaiming-breastfeeding-from-human-milk-politics-public-health-and-the-power-of-money/