Pourquoi la WBTi en Suisse ?

 

Bienfaits de l’allaitement – même dans les pays riches

 

Concernant la santé infantile ou maternelle à long terme (obésité, diabète, cancers, infections), les bienfaits de l’allaitement sont bien démontrés. La recherche scientifique récente (microbiote, construction du système immunitaire, maladies cardiovasculaires)  renvoie à l’impact des premiers 1000 jours de la vie, et donc à l’allaitement.

 

Des effets positifs à vie sont constatés également dans les pays riches et développés : Breastfeeding in the 21st century: epidemiology, mechanisms, and lifelong effect. Victora CG et al, The Lancet 2016 ; 387 : 475-90.

 

Les bienfaits du lait maternel sont encore plus mesurables chez les bébés prématurés. En Suisse, environ 7 % des bébés naissaient prématurément en 2017.

 

Taux d’allaitement en Suisse

 

 La 3e Swiss Infant Feeding Study (SWIFS 2014) montre que la volonté d’allaiter est largement répandue en Suisse. Près de 95 % des mères le font juste après l’accouchement. Pourtant, le taux d’allaitement exclusif diminue à 71 % durant les deux premiers mois de vie et à 62 % durant les troisième et quatrième mois. Seuls 40 % des enfants sont encore allaités à l’âge de six mois. Beaucoup de mères sèvrent donc à un moment que les organisations spécialisées considèrent comme loin d’être optimal pour la santé des nouveau-nés et des mères elles-mêmes, et aucune évolution significative concernant ces faits n’a été observée entre 2003 et 2014 en Suisse.  

 

 

Recommandations internationales

 

·      L'OMS recommande l'allaitement exclusif de 6 mois (36 semaines) pour tous les enfants, avec poursuite de l'allaitement durant deux ans ou plus, parallèlement à la diversification.

 

·      L'ESPGHAN 2017 souligne que l'allaitement exclusif de 6 mois est un objectif souhaitable

 

·      En 2012, l’Académie Américaine de Pédiatrie (AAP) réaffirme sa recommandation d’un allaitement exclusif d’environ 6 mois, suivi par la continuation de l’allaitement lorsque des aliments de complément sont introduits, et la poursuite de l’allaitement durant un an ou plus longtemps selon les souhaits de la mère et de l’enfant. 

 

 

Besoin de soutien

 

« Primum non nocere » : La première tâche est de protéger et de soutenir les allaitements en place. Selon la 3e Swiss Infant Feeding Study (SWIFS 2014), le taux d’initiation est de 95 % en Suisse, 50 % des enfants ont été ́allaités exclusivement durant au moins 12 semaines et la durée médiane d'allaitement en Suisse est de 31 semaines.

 

Nous sommes loin des recommandations de l'OMS : allaitement exclusif de 6 mois (36 semaines) pour tous les enfants, avec poursuite de l'allaitement durant la diversification. Beaucoup de femmes abandonnent l’allaitement, contre leur gré, faute de soutien et par manque d’informations correctes et pertinentes. Le meilleur soutien s’avère être le travail en réseau des professionnels formés à l’allaitement et le contact avec un groupe de mères.

 

Cursus médical – encourager la formation en allaitement

 

Dans leur formation, tous les professionnels de santé en contact avec la mère et son enfant devraient recevoir une formation de base sur l’allaitement (du type « cursus OMS de 18 heures ») et devraient être encouragés à s’enrôler dans des formations continues pour disposer d’informations actualisées et avoir un discours cohérent.

 

Les formations à l’accompagnement à l’allaitement doivent souligner que la lactation est un processus physiologique et forme un continuum biologique et psychologique avec la grossesse et la naissance.

 

Informations correctes – un impératif

 

Aussi bien les parents que tous les professionnels de santé méritent et nécessitent une information claire, complète, et non biaisée par des intérêts commerciaux.

 

Le respect du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel (1981) est fondamental, le contrôle par une instance neutre des pratiques commerciales s’impose.

Les décisions concernant la santé en Suisse ne devraient pas être influencées par des personnes ayant des conflits d’intérêt ou des liens financiers avec l’industrie.

 

Choix ou décision ?

 

Informer en toute transparence sur l’allaitement et sur la valeur du lait maternel est le premier devoir des professionnels de santé et des élus et décideurs. Une famille ne peut pas effectuer un « choix » si l’information est incomplète ou biaisée, si le soutien manque, si la législation est défavorable... Par ailleurs, allaiter n’est pas un simple « choix » réversible et modifiable comme on choisit un aliment ordinaire dont un éventail d'offres existera aussi le lendemain et permettra de re-choisir, tous les jours. Allaiter, c’est une décision pertinente pour la vie. C'est d’abord une décision de la femme et du couple, mais c'est aussi une décision et une orientation de la société. Les bienfaits de l’allaitement perdurent toute la vie pour la personne concernée et pour la société dans son ensemble.

 

 

Regard de la société

 

En mai 2017, la photo de la sénatrice australienne Larissa Waters allaitant dans le Parlement a fait le tour du monde, ainsi que son souhait : «Nous avons besoin de plus de femmes et de parents au Parlement».  Un vœux aussi pour la Suisse et ses instances démocratiques.

 

 

Développement durable

 

Le lait maternel est une ressource naturelle, inépuisable, disponible de façon décentralisée, à bonne température et dans un emballage sympathique. Sa composition est spécifique de notre espèce et parfaitement adapté comme aliment exclusif jusqu’aux six mois du bébé, et reste un aliment précieux tout au long de la diversification. Pas de transport, pas de déchets, pas de gâchis d’eau et d’électricité, pas d’usines… – le lait maternel a la vertu, en plus de toutes les autres, d’être un produit écologique.

 

Les pays du monde ont adopté en 2015 les 17 Objectifs de développement durable (ODD) à atteindre jusqu'en 2030. L'allaitement intervient comme facteur bénéfique dans tous les 17 objectifs !

 

https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/

 

Green Feeding - l'alimentation saine et durable - l'allaitement

https://www.gifa.org/international/environnement-et-climat/

 

 

Economie – meilleure santé à moindre coût

 

De nombreuses études mettent en évidence les économies pour les dépenses de santé lorsque le taux d’allaitement progresse. Il s’agit de se placer dans une perspective de santé préventive, pas seulement curative et réparatrice.

 

En Suisse, les dépenses de santé pour les enfants de 0-5 ans s'élevait à 1’380 millions CHF en 2015 ! (OFS 2017) Une partie de ces dépenses pourraient être économisées si les enfants suisses étaient allaités selon les recommandations de l'OMS.

 

Cela est encore plus vrai pour les enfants prématurés. Le séjour en hôpital pour un nouveau-né coûte en moyenne 1378 CHF / jour. Mais les coûts augmentent considérablement pour des prématurés qui nécessitent des soins spécifiques. Ces bébés sont particulièrement à risque de NEC (necrotizing enterocolitis) une infection intestinale grave. Une évaluation des coûts annuels s'élève à 3'115'256 CHF (Barin 2018).

 

Seulement 51 %  de ces enfants sont exclusivement allaités, alors qu'ils ont le plus besoin de lait maternel. Si le taux d'allaitement était de 100 % pour les prématurés, les économies de coûts pour la seule maladie NEC s'élèverait à  1'232'568 CHF.

 

Comme l'allaitement protège aussi contre d'autres maladies, les économies d'échelle sont encore plus importantes.

 

 

Le vrai coût du non-allaitement

 

La question se pose alors dans les termes suivants : quel est le vrai coût du non-allaitement ? « Le non-allaitement est associé à des facultés intellectuelles moindre, et à une perte économique d’environ 302 milliards USD par an au niveau mondial. », écrit Nigel Rollins. Why invest, and what it will take to improve breastfeeding practices? Rollins Nigel A, et al. The Lancet 2016 ; 387 : 491-504.

 

La Banque Mondiale

 

« En des termes purement et bassement économiques, l’allaitement maternel est l’investissement le plus efficace qu’un pays puisse faire, quel que soit le domaine et quelle que soit la raison ! » Keith Hansen (The World Bank). Source : “The Power of Nutrition and the Power of Breastfeeding,” Breastfeeding Medicine. October 2015, 10(8): 385-388. (page 386)

 

 

Déclaration d’Innocenti (1990) signée par la Suisse

 

OBJECTIFS OPÉRATIONNELS:

 

« Il faudrait que d'ici 1995 chaque gouvernement ait :

 

·      Désigné un coordonnateur national doté de pouvoirs appropriés et créé un comité national multisectoriel pour la promotion de l'allaitement maternel, composé de représentants des services gouvernementaux compétents, d'organisations non gouvernementales et d'associations professionnelles dans le domaine de la santé ;

 

·      Fait en sorte que chaque établissement assurant les prestations de maternité respecte pleinement les Dix conditions pour le succès de l'allaitement maternel énoncées dans la déclaration conjointe de l'OMS et de l'UNICEF intitulée "Protection, encouragement et soutien de l'allaitement maternel : le rôle spécial des services liés à la maternité";

 

·      Pris des mesures pour mettre en œuvre intégralement les principes et l'objectif de tous les articles du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et les résolutions pertinentes adoptées ultérieurement par l'Assemblée mondiale de la santé ;.. »

 
Source : http://www.unicef.org/programme/breastfeeding/innocenti.htm

 

En 2018, la Suisse n’est s’est pas encore dotée d’un Comité national pour l’allaitement ; les Dix conditions ne sont pas affichées dans les maternités ; le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel de 1981 n’est que partiellement transcrit dans la législation suisse sous forme de Codex.

 

Tout cela mérite réflexion et appelle à une approche plus pragmatique de l’allaitement.

 

 

Comité des Droits de l’Enfant - 26 février 2015

 

Observations finales adressées à la Suisse, 26 février 2015 (19 pages) :

 

Recommandations pour la Suisse (p.15 / 23)

 

59. Le Comité recommande à l’État partie [la Suisse]:

 

a) D’intensifier ses efforts visant à promouvoir l’allaitement maternel exclusif et continu en donnant accès à des matériels traitant de l’importance de l’allaitement maternel et des risques que présentent les substituts du lait maternel et en menant des actions de sensibilisation à ces questions;

 

b) De revoir et renforcer la formation assurée aux personnels de santé concernant l’importance de l’allaitement maternel exclusif;

 

c) D’augmenter encore le nombre d’hôpitaux certifiés «amis des bébés»;

 

d) D’élaborer une stratégie nationale globale sur les pratiques en matière d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants;

 

e) De veiller à ce que le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel soit appliqué strictement;

 

f) De veiller à ce que les recommandations nationales concernant l’allaitement maternel soient conformes aux recommandations de l’OMS;

 

g) D’envisager de porter la durée du congé de maternité à six mois au minimum.

 

 

Communiqué de l’Organisation des Nations Unies – 22 novembre 2016

 

 

 

L’allaitement, c’est une question des Droits de l’homme, disent les experts de l’ONU, exigeant̀ des mesures contre les laits artificiels

 

Genève, 22 novembre 2016 - L’allaitement est un enjeu des Droits de l’homme pour les bébés et les mères, et devrait être protégé et promu pour le bénéfice des deux, disent les experts dans une note d’information publiée aujourd’hui.

 

 

 

Les Etats devraient prendre des mesures urgentes pour stopper le marketing « qui fait des allégations fausses, qui est agressif et inapproprié » des substituts du lait maternel dans un secteur qui pèse plusieurs milliards de dollars, disent les rapporteurs spéciaux des Nations Unies, ensemble avec le Group de travail sur les discriminations contre les femmes, et le Comité des droits de l’enfant.

 

Ces pratiques de marketing influencent souvent les choix des femmes sur la façon de nourrir leurs enfants de la meilleure manière possible, et peuvent empêcher les bébés et les mères de profiter des nombreux bénéfices de l’allaitement, disent les experts. [...]

 

http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=20904&LangID=E

 

 

Constatant que la Suisse pourraient s’engager dans de nombreux domaines pour protéger et soutenir l’allaitement, et qu’il y a des pistes jusqu’à présent négligées, nous pensons qu’il y a raison d’agir. Car l’allaitement est une mesure phare qui peut vraiment faire la différence pour la santé.  – 26 octobre 2018

 

Coordination WBTi Swiss

 

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