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Economies à faire par l'allaitement

En Suisse, les dépenses de santé pour les enfants de 0-5 ans s'élevait à 1’380 millions CHF en 2015 ! (OFS 2017) Une partie de ces dépenses pourraient être économisées si les enfants suisses étaient allaités selon les recommandations de l'OMS (6 mois d'allaitement exclusif, poursuite de l'allaitement parallèlement à la diversification jusqu'à 2 ans ou plus, selon les désirs de la mère et de l'enfant).

 

Actuellement nous en sommes loin.

 

La 3e Swiss Infant Feeding Study (SWIFS 2014) montre que la volonté d’allaiter est largement répandue en Suisse. Près de 95 % des mères le font juste après l’accouchement. Pourtant, le taux d’allaitement exclusif diminue à 71 % durant les deux premiers mois de vie et à 62 % durant les troisième et quatrième mois. Seuls 40 % des enfants sont encore allaités à l’âge de six mois. Beaucoup de mères sèvrent donc à un moment que les organisations spécialisées considèrent comme loin d’être optimal pour la santé des nouveau-nés et des mères elles-mêmes, et aucune évolution significative concernant ces faits n’a été observée entre 2003 et 2014 en Suisse.

 

Concernant la santé infantile ou maternelle à long terme (obésité, diabète, cancers, infections), les bienfaits de l’allaitement sont bien démontrés. La recherche scientifique récente (microbiote, construction du système immunitaire, maladies cardiovasculaires) renvoie à l’impact des premiers 1000 jours de la vie, et donc à l’allaitement.

 

Des effets positifs à vie sont constatés également dans les pays riches et développés : Breastfeeding in the 21st century: epidemiology, mechanisms, and lifelong effect. Victora CG et al, The Lancet 2016 ; 387 : 475-90.

 

Les bienfaits du lait maternel sont encore plus mesurables chez les bébés prématurés. En Suisse, environ 7 % des bébés naissaient prématurément en 2017 (OFS). Le séjour en hôpital pour un nouveau-né coûte en moyenne 1378 CHF / jour. Mais les coûts augmentent considérablement pour des prématurés qui nécessitent des soins spécifiques.

 

Ces bébés sont particulièrement à risque de NEC (necrotizing enterocolitis) une infection intestinale grave. Une évaluation des coûts annuels s'élève à 3'115'256 CHF (Barin 2018).

 

Seulement 51 % de ces enfants sont exclusivement allaités, alors qu'ils ont le plus besoin de lait maternel. Si le taux d'allaitement était de 100 % pour les prématurés, les économies de coûts pour la seule maladie NEC s'élèverait à 1'232'568 CHF.

 

Comme l'allaitement protège aussi contre d'autres maladies, des économies d'échelle sont possibles.

 

Références

Barin Jacqueline, The Milk Gap, August 2018 (Thèse Msc encore publiée)

OFS Office fédéral des statistiques, Santé